Et si le secret des meilleures frites du monde se cachait là où on ne l’attendait pas ? Pas dans une friteuse dernier cri, ni dans une huile végétale ultralégère… mais dans un ingrédient ancestral longtemps délaissé. Découvrez la recette surprenante et pleine de caractère de Sophie Coindre, sacrée championne du monde de la frite.
Une passion bien ancrée, née entre Liège et l’Alsace
Sophie Coindre n’est pas une professionnelle de la restauration. Elle est kinésithérapeute. Mais sa passion pour les frites croustillantes et savoureuses vient de loin. Originaire de Liège, elle a grandi dans une région où les friteries sont presque une institution. Désormais installée en Alsace, elle a importé avec elle tout le savoir-faire du « plat pays ».
Et ce savoir-faire, elle l’a mis à l’épreuve lors du championnat du monde de la frite, organisé à Arras en septembre 2025. Parmi des dizaines de mordus de pommes frites venus concourir, elle et son binôme Jean-Denis ont décroché le premier prix en catégorie amateur, avec leurs « frites familiales ».
Son ingrédient secret : fini l’huile de tournesol
Alors que la plupart des amateurs optent pour l’huile de tournesol ou de colza, Sophie Coindre fait un choix radicalement différent. Elle bannit totalement ces huiles classiques de sa recette.
À la place, elle utilise du saindoux, une matière grasse d’origine animale, issue du gras de porc. Autrefois courant dans les foyers français, il est aujourd’hui moins populaire. Mais selon la championne, c’est ce qui donne à ses frites leur goût unique et leur croustillant inimitable.
Elle recommande de choisir un saindoux bio, acheté chez un charcutier local quand c’est possible. Ce choix assumé et quelque peu nostalgique apporte à ses frites une vraie personnalité. Et le jury ne s’y est pas trompé.
Le choix de la pomme de terre : le point de départ essentiel
Pour réussir des frites dignes d’un concours international, il faut d’abord bien choisir ses pommes de terre. Sophie opte pour une variété de sa région, la Marabel. Issue du village de Meistratzheim, cette pomme de terre à chair farineuse est parfaite pour obtenir des frites croustillantes. À défaut, la célèbre Bintje fera aussi très bien l’affaire.
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, Sophie ne les épluche pas. Elle garde la peau, qu’elle nettoie soigneusement dans une bassine d’eau. Un bon brossage suffit pour obtenir un rendu propre et savoureux.
Une découpe précise et des gestes insolites
Pas de frites parfaites sans une taille maîtrisée. Sophie découpe ses pommes de terre en tranches de 8 millimètres d’épaisseur, avant de les transformer en bâtonnets.
Mais surtout, elle partage une astuce déconcertante : elle ne lave pas les frites après découpe. Pourquoi ? Pour laisse l’amidon faire son œuvre. « C’est cet amidon qui crée la croûte croustillante », explique-t-elle. À la place, elle les sèche dans un torchon propre.
Une cuisson en deux bains, à maîtriser parfaitement
Vient ensuite le temps de la cuisson. Et là encore, Sophie suit une méthode bien précise en deux étapes :
- Premier bain : 10 minutes à 140°C, dans le saindoux bouillant.
- Repos : les frites sont mises à l’écart dans un saladier. Le temps de repos est crucial. « Plus il est long, mieux c’est », affirme-t-elle.
- Deuxième bain : friture finale à 180°C, jusqu’à obtention d’une belle couleur dorée.
Ce double passage à la friteuse permet d’avoir une texture moelleuse à l’intérieur et croustillante à l’extérieur — une qualité qui a conquis le jury du championnat.
Un retour aux sources qui fait la différence
En remettant le saindoux au goût du jour, Sophie Coindre ne fait pas que rendre hommage aux traditions culinaires. Elle prouve aussi qu’un ingrédient simple, oublié, peut surpasser les standards modernes.
Son approche — entre exigence du goût, respect du produit et gestes précis — donne à ses frites une authenticité rare.
Alors, et si vous osiez le retour au saindoux ? Peut-être que vous aussi, vous découvrirez une nouvelle dimension du plaisir… en toute simplicité.




